2 serpents et un griffon

Lysander prenait tranquillement sa douche. Etrangement, il aimait l’eau très très chaude, alors que tout le monde était évidemment persuadé qu’il se lavait à l’eau froide. Il était en train de laver ses longs cheveux quand des hurlements attirèrent son attention : Les filles qui prenaient leur douche à côté étaient en train de sortir en courant, enroulées dans leurs serviettes, souvent encore couverte de savon. Bien que dubitatif, l’élève n’était pas du genre à entrer dans les douches des filles pour autant. Il finissait de se shampooiner quand la réponse à se mystère lui apparu : le monstre horrible qui avait provoqué la fuite des filles vers la salle commune n’était autre que… Piloute ! La couleuvre domestique de Matthew. L’animal était en train de s’enrouler autour de la cheville droite du jeune homme qui commença à sourire.

« Alors, c’est toi qui a mis un tel bazar de l’autre côté Piloute ? »

Des gouttes d’eau chargée de shampooing tombaient de la tête de l’humain tout autour du serpent. Il fini donc de se rincer rapidement en laissant la bête monter le long de sa jambe. Il la posa sur le repose serviette le temps de se sécher et de s’habiller puis il la fit se glisser dans sa manche. Pendant qu’il se coiffait, il sentit la couleuvre remonter le long de son bras pour finir par s’enrouler autour de son cou et piquer un somme.

* Bon bah, j’ai plus qu’à sortir pour te rendre à ton propriétaire maintenant. *

L’élève attrapa sa cape et s’apprêta à sortir quand l’une des victimes de Piloute l’aborda.

« Dit Lysander, tu n’aurais pas vu un serpent trainer dans la salle commune ? »

Réagissant au quart de tour, l’animal sortit du col de son transporteur en tirant sa petite langue rouge. La demoiselle sursauta.

« Ce serpent là ? Tu devrais avoir honte, ce n’est qu’une inoffensive couleuvre. »

Asséna-t-il sans la moindre pitié avant de sortir de la salle commune.

Il n’était pas encore trop tard, ce qui voulait dire qu’il avait de bonne chance de trouver son meilleur ami dans le château sans avoir à trainer dans la tour des Gryffondor. Il fallait donc passer en revue les endroits préférés de Matthew : Dehors ? Peut-être mais peu probable. La volière ? Un accès de paresse lui fit dire : en dernier, pas envie de monter. Il ne restait donc qu’un choix : les statues ! Matt’ aimait regarder les statues et en découvrir les bizarreries ou les défauts. Il se dirigea donc vers le deuxième étage où il savait qu’il trouverait la populaire gargouille. Mais il n’eut pas besoin d’aller aussi loin, comme aidé par le destin, il croisa celui qu’il cherchait dans les escaliers.

« Ha, bonjour Matthew, c’est toi que je cherchais justement ! »

Il tira alors le petit serpent de son col et commença à jouer avec avant de regarder son amis avec un faux air menaçant.

« Fait tout ce que je t’ordonne sinon, je croque le reptile ! »

Sans attendre, le Serpentard éclata de rire.

« Désolé, j’avais envie d’essayer juste pour voir ta tête ! »

La veille au soir, Matthew s’était endormi avec sa Piloute enroulée autour de ses doigts. Habituellement, une fois son maître endormi, la petite couleuvre migrait sous un oreiller, dans une petite cache qu’il avait aménagée pour elle. Et au matin, il venait l’y reprendre et la gardait sur lui presque tout le temps.
Cette fois-ci, ça s’était passé différemment. Le gryffondor s’était réveillé, avait été prendre sa douche puis, à moitié habillé, avait soulevé l’oreiller et la cache de sa couleuvre. Sans l’y trouver. Etonné, il avait fouillé le dortoir, les douches et écouté chez les filles. Aucun hurlement, donc elle ne s’y trouvait pas. Mais où était-elle ?! Tracassé, il termina de s’habiller et descendit. Sans doute se trouvait-elle chez les Serpentard. Après tout, ils étaient dans les cachots et Piloute aimait l’ombre et l’humidité.

Les cheveux pour une fois détachés mais toujours impeccablement brossés, il avait passé l’uniforme par habitude, parce que le reste de ses affaires étaient rangées dans sa valise. Il descendait l’escalier venant du deuxième quand il faillit cogner Lysander. Haussant un sourcil à sa menace, il leva les yeux au ciel quand son ami se mit à rire puis porta son attention sur Piloute qui s’étirait pour le rejoindre. Alors, il la prit sur lui et la déposa sur son épaule.

-Tu sais bien que si tu faisais ça, je ne te le pardonnerai pas. Ma pauvre Piloute ! Où est-ce que tu l’as trouvée ? Je la cherchais partout !

Lysander laissa filer la petite couleuvre pour rejoindre son maître. Il se frotta la nuque et constata que dans la précipitation pour ramener le reptile, il avait négligé de s’attacher les cheveux.

« Diable ! Tu n’aurais pas un élastique sur toi ? Je dois ressembler à une blondasse avec les cheveux défaits ! Toi en revanche, ça te va plutôt bien les cheveux comme ça. »

L’élève commença machinalement à arranger ses cheveux et à préparer sa queue de cheval même s’il n’avait rien pour la tenir.

« Sinon, ta Piloute… Bah, elle était dans les douches des filles de Serpentard. Elle a foutu un sacré bordel d’ailleurs ! Y avait des filles couvertes de savon et enroulées dans leurs serviettes de bain jusque dans les escaliers vers les chambres ! J’étais en train de finir mon shampooing quand elle est venue me grimper sur la jambe. »

Il se tenait à présent les cheveux sans pouvoir les lâcher, se moquant bien d’avoir l’air un peu idiot.

« Pour moi il n’y a que deux hypothèses plausibles : soit ta Piloute est une couleuvre lesbienne venue mater mes camarades, soit tu parles fourchelangue et tu l’envoie espionner pour tout te raconter après… Allez, avoue la vérité ! »

Il renonça finalement à tenir ses cheveux plus longtemps et vînt gratter le sommet du crâne de l’animal.

« Ha si, j’oublie quelque chose ! Elle a aussi essayé d’attaquer une fille qui me demandait justement si je n’avais pas vu notre terrible animal. Je vous jure, c’est à Serpentard et ça se laisse effrayer par une petite couleuvre. Tu aurais un cobra blanc ou un aspic, je ne dis pas, mais là ! Ma foi, j’imagine que c’est aussi pour ça qu’on m’appelle le glaçon. »

Matthew ne put retenir un petit rire et secoua légèrement la tête de gauche à droite : s'il avait eut un élastique, il s'en serait servi pour s'attacher les cheveux. Ecoutant Lysander narrer les aventures de sa pauvre Piloute, il ne put réprimer un sourire quand son meilleur ami lui annonça qu'elle était venue grimper sur sa jambe alors qu'il était sous la douche. Ca ne l'étonnait pas vraiment, puisqu'il avait fait tout son possible pour habituer sa couleuvre chérie aux deux personnes qu'il aimait le plus. Même si, dans le cas de Lizzie, ça ne servirait peut-être pas puisqu'ils semblaient rester en froid.

-Et si tu lâchais tes cheveux, Lysander? C'est pas que t'as l'air bête comme ça, mais...

C'était tout comme. Le Gryffondor arborait une petite moue ennuyée mais il l'abandonna bien vite quand son confident se mit à faire des suppositions aussi hasardeuses et stupides que salaces. Merlin! C'était CA, un Sang-Pur de Serpentard?

-Piloute? Lesbienne? C'est une couleuvre, elle ne va pas aller matter des humaines. Tu irais te rincer l'oeil sur des couleuvres? Quant à ces histoires d'espionnage, figure-toi que j'aurais bien plus intéressant à lui faire faire, si je parlais fourchelangue! Surveiller Lisbeth, par exemple...

Voyant que Lysander lâchait enfin ses cheveux, Matthew en profita pour passer derrière lui, lui abandonnant Piloute pour avoir les mains libres.

-Essaye de pas trop bouger, je vais t'arranger un peu tes cheveux.

Alors que le vert et argent continuait de parler, le Gryffondor se mit en tête de lui faire une queue de cheval sans élastique. Ce fut laborieux, mais au bout d'une dizaine de minutes le résultat était plus que correct. Ca n'était pas parfait mais, au moins, ça lui allait mieux que les cheveux lâchés!

-Voilà! Pour les filles... A Serpentard ou pas, la plupart ont peur des serpents. Au fait, tu vas faire quoi maintenant que t'es au deuxième?

Lysander fut passablement surpris de se retrouver avec Piloute dans les mains et Matthew en train d’arranger ses cheveux dans son dos. Rapidement, il constata que le petit reptile suivait son regard et s’amusa un instant à faire bouger ses yeux pour voir comment l’animal allait faire pour suivre la cadence.

« Tu sais Matt’, le mieux que tu es à faire pour l’instant c’est de laisser Lisbeth respirer. Quand à piloute, qui te dis que ce n’est pas une animagus sensuelle qui attends son heure pour se révéler ? Remarque tu as raison, elle aurait déjà succombé à ton charme ou au mien ! »

Un trait d’humour à la hauteur de l’ego du jeune homme. Et encore, il pouvait se montrer arrogant, à raison, dans de nombreux domaines mais pour tout ce qui touchait à la séduction, il se savait nettement en dessous de la moyenne et ce, malgré ses atouts indéniables, au moins sur le plan physique.

« Enfin, je sais bien que la plupart des filles sont souvent facile à impressionner, mais on parle de Piloute quand même. Je l’aime bien mais tu trouves vraiment qu’elle fait peur ? »

La couleuvre sembla lancer un regard noir au grand blond qui ne s’en sentit pas menacé le moins du monde. Matthew fini enfin son travail de précision et Lysander apprécia d’être à nouveau présentable. Il en profita également pour bouger sa tête qu’il avait du garder immobile pendant 10 longues minutes.

« Merci mon ami, je me sens redevenu moi-même. Sans être un Sanson, je dois avouer que ça fait quand même du bien. Et puis, ça m’évitera de me faire un anneau de glace dans les cheveux pour les tenir. »

* Sanson, l’homme dont la force résidait dans son épaisse chevelure. Sauf qu’étant grec, il devait être très brun alors que moi, je suis très blond et plus observateur et calme que vraiment fort. En plus, si mon talent résidait dans mes cheveux, j’aurais là un horrible point faible qu’il faudrait absolument que je garde secret. *

Il commença à se frotter le menton avec deux doigts en levant les yeux au ciel, pensif.

« Très bonne question en effet, je ne sais pas exactement quoi faire à vrai dire. J’étais surtout venu te ramener Piloute pour ne pas qu’elle reste seule loin de son maître trop longtemps. Et aussi pour éviter qu’elle ne continue à semer la terreur dans les douches de Serpentard. »

Alors une question s’imposa d’elle-même : Que faire ? Retourner dans sa salle commune à attendre que le temps passe ne l’enchantait guère, il n’avait pas de cours en retard qui aurait nécessité un équipement spécial ou un partenaire, il n’avait pas faim… Bref, aucune activité ne semblait vouloir s’imposer d’elle-même, il allait devoir se trouver une envie.

-Elle est trognonne plus qu’effrayante. Mais c’est un serpent, Lysander. Quand on a peur de ces bêtes-là et qu’on t’en montre un, aussi mignon soit-il, ça fait peur. Faut pas chercher plus loin. Ca paraît ridicule mais, crois-moi, ça ne l’est pas du tout.

Matthew se remit donc devant Lysander. Aussitôt, Piloute cessa de suivre le regard du Serpentard et se courba en arrière pour essayer de rejoindre son maître qui lui tendit la main. Une fois le petit animal enroulé autour de son poignet, il sourit à son meilleur ami qui se détendait la nuque.

-De rien. Pour une fois que je peux faire quelque chose !

Répondit le jeune Gryffondor, avec un léger sourire. Si le Serpentard faisait beaucoup pour lui, ça n’était pas exactement réciproque. Et pourtant, ça n’était pas faute de vouloir ! Du coup, dès qu’il savait faire un truc même minuscule, il en était ravi.

-Ah… Moi non plus, je sais pas quoi faire en fait. Pfff… Ca te dirait d’aller marcher un peu ? Au pire, si on a une idée à ce moment-là, on pourra toujours l’appliquer. Ca te tente, ou pas ?

Distraitement, Matthew jouait avec sa petite couleuvre, la faisant passer entre ses doigts. Ce qui semblait agacer le serpent miniature qui se dressa en tirant la langue. Matthew posa un baiser sur sa tête, puis la laissa se réinstaller sur son épaule, à moitié enroulée autour de son cou. C’aurait été un mammifère un peu plus gros, elle aurait presque pu lui servir d’écharpe, sa Piloute !

-M’enfin… D’un autre côté, rester au chaud ça me botterait bien. Raah, je sais pas ce que j’ai envie de faire. Alors tu choisis ! Parce que de toute façon, quoiqu’on fasse, on risque de s’ennuyer un peu. Ou alors, ce qu’on peut faire aussi, c’est retourner pieuter quelques minutes ou bien aller manger. Moi, de toute manière, je rate jamais le petit déjeuner.

Voilà un défi intéressant : trouvé un endroit isolé mais confortable ! Il était vrai que les matinées à Poudlard étaient plutôt fraiches, il valait mieux donc éviter de sortir. Et en dehors de la grande salle où des salles communes, difficile de trouver une grande source de chaleur… Finalement, il n’y avait qu’une seule véritable solution pour obtenir tout ce qu’on voulait au château : la salle sur demande. Mais il y avait tout de même une autre option.

« Hummm… Que dirais-tu d’aller faire un raid directement en cuisine ? On se fait faire un déjeuner sur commande par les elfes de maison et soit on le déguste sur place, soit on monte à la salle sur demande et on en fait un parfait petit salon privé avec une cheminée bien fournie. »

Lysander donna une tape amicale dans le dos de Matthew. Il ne se permettait ce genre de geste que rarement, quand ils étaient seuls la plupart du temps ou quand l’état de son ami lui semblait assez grave pour qu’il daigne faire voler en éclat les apparences et les codes auxquels il se pliait en public.

« Tu sais Matthew, tu as fini de me convaincre que je ne devais pas rester cloitré dans les us et coutumes du monde d’où je venais et que c’était en me mélangeant à d’autres personnes et d’autres points de vue que j’en apprendrais le plus. Alors tous les services que je peux te rendre ne font guère que compenser celui que tu m’as rendu il y a déjà des années. »

Il eut un petit ricanement.

« Hey, ce n’est pas donné à tout le monde de retirer à un autre le balai qu’il à dans le cul ! Et toi tu as réussi face à forte partie. »

Une autre liberté que le grand blond ne s’autorisait qu’avec son meilleur ami dont l’innocence et la jovialité était visiblement un excellent remède.

« Alors, on prépare nos sort de lévitation pour transporter nos plateaux repas ? Parce qu’il faudra bien ça pour déplacer le mien… J’ai faim ! Et toi, tout le monde le sais que tu es l’ogre du petit déjeuner. »

Ça n’arrivait pas souvent mais quand il en avait décidé ainsi, le serpentard aussi pouvait manger comme un ogre. Il attendait à présent l’opinion de son ami pour savoir s’ils allaient se mettre en route. Après tout, il n’avait pas que de bonnes idées et parfois c’était le gryffondor qui menait la danse.