Cute girl is a boy... OMG! [PV Aaron <3]

Un lapin. C’était sensé être un lapin. Vous savez, le truc blanc avec des oreilles et qui mange des carottes. Sauf que là, ça ressemblait plus à un chat… Maverik laissa échapper un soupir tout en fronçant les sourcils. Décidément, il n’arrivait même pas à coudre correctement ce jour-là. Pourtant, il avait l’habitude en général. D’un autre côté, quelle idée de vouloir coudre un lapin sur une écharpe… Assit en tailleur, adossé contre un vieil arbre dans le parc à l’extérieur du château, le garçon était là depuis une bonne heure. A la base, il voulait coudre dans la salle commune des Serpentards mais des gamins de quatrième années travaillaient pour un exposé oral sur l’histoire des trolls et il avait jugé bon de fuir, avant de s’endormir face à leur discours pitoyable. Ne sachant pas trop où aller par cette belle journée, il décida de se rendre dehors. Le temps était clément et vêtu de sa tenue habituelle, pantalon noir, souliers et fine chemise blanche, il n’eut même pas froid. Pourtant, il n’y avait pas beaucoup de personnes dans le parc par cette douce après-midi. Peut-être qu’ils faisaient tous leurs devoirs du lendemain en quatrième vitesse ? Oui, ça devait sans doute être ça. De son côté, Maverik s’en fichait pas mal, il les avait fait depuis longtemps. Tout ça grâce à sa maladie qui lui avait soudainement donné un esprit studieux pour une après-midi. Et après, il osait se plaindre de ses changements d’humeurs.

Tout ça pour dire qu’il en était à son quatrième essai de couture sur son écharpe de Serpentard. Sans beaucoup de succès. Finalement, il allait peut-être se contenter de faire un chat, se serait plus simple qu’un lapin. Ou alors un mélange des deux. Se serait choupi un Lapin-chat. C’était quoi cette élan de mignonisme là ? Bah, de toute manière, le plus important était que ça allait encore le faire remarquer. Et il ne se souciait que de ça. Sans compter que des filles allaient peut-être encore lui demander de coudre des trucs pour elles. Tch, heureusement que ça le rendait populaire, sinon il n’aurait même pas accepté de leur rendre service. Au bout d’une demi-heure de travail, l’adolescent soupira de nouveau pour chercher du fil dans une petite boîte en bois qu’il sorti de la besace grise qu’il avait à côté de lui. Jamais il ne sortait sans son matériel de couture. Après tout, imaginez qu’il accroche sa chemise quelque part… Quelle honte se serait de se promener dans le château avec un vêtement abîmé. Pour Maverik, il était facile d’atteindre la fin du monde visiblement.

Juste avant qu’il ne se remette à son ouvrage, qui avait déjà un brin avancé, l’adolescent redressa la tête, juste à temps pour apercevoir une silhouette au loin. Silhouette qui se fit d’ailleurs de moins en moins distante au fur et à mesure que les secondes passaient d’ailleurs. Le Serpentard ne reconnu pas l’autre personne, même lorsqu’il lui fut possible de voir que c’était un garçon. Après tout, son égocentrisme faisait qu’il ne prêtait que rarement attention aux gens. Surtout quand ils ne faisaient pas parti de la liste des personnes qu’il jalousait. Hum, l’autre était sans doute un peu plus grand que lui et il était sûr de l’avoir déjà vu. Mais bon, ils étaient tout deux élèves dans cette école, enfin en théorie, alors c’était logique que Maverik est déjà aperçu ce type. Le voyant s’approcher un brin plus, le lunatique afficha un air ennuyé et cessa de coudre, gardant l’aiguille dans sa main et l’écharpe sur ses genoux. Il ne voulait pas être dérangé. Surtout pas par une personne qu’il ne connaissait pas. C’est sans doute pour cela qu’il eu envie de dire à l’autre de dégager et vite…

« Bonjour~ ! Belle journée, nan? »

Mais bien sûr, ses émotions décidèrent de réagir d’une toute autre manière. Et, le jeune couturier se retrouva avec un sourire amical au visage tandis qu’il songeait que c’était chouette qu’une personne vienne par ici. Peut-être même qu’ils pourraient faire la conversation ensemble. Oh, oui, se serait chouette ! Et le pire, c’était sans doute qu’il ne se rendait même pas compte de son brusque décalage d’humeur. Pauvre Maverik. Ou pauvre étranger plutôt. En tout cas, ce n’était pas une raison pour en oublier la couture. Et le cadet détourna son regard noisette de l’autre personne pour reprendre son œuvre d’art un brin ratée, mais pas trop. Mais il espérait que l’autre resterait un peu pour discuter quand même. Dire qu’il allait sans doute se maudire d’avoir agit aussi gentiment dans quelques heures…

LIBRE !
__Devoir de métamorphose ; OK. Révision Potions ; OK. Refus sec pour aide potentiel à un ‘ami’ ; OK. Oui, Aaron pouvait enfin se déclarer libre.

__Quel sérieux. Il avait déjà tout commencé une semaine à l’avance, puis il venait d’achever tout ceci avec brio. Aaron était très fier de lui. Malgré tout, le jeune homme avait passé le tiers de l’après-midi à l’intérieur, et ça ne lui faisait pas réellement plaisir. Il faisait un temps radieux, et il n’y avait quasiment personne dans le parc. Oui, la journée rêvée pour… ben, pour rien faire en fait. Avant de quitter la bibliothèque en chantonnant et mater par derrière quelques jolie filles –oh le grand méchant-, Aaron avait piqué il ne sait où une feuille de mots croisés et se baladaient avec dans la main gauche, sa main droite déjà très occupée à faire tourner entre ses doigts le crayon gris qu’il avait auparavant dans sa poche. Vêtu alors d’un simple pull blanc et un jean large, Aaron ne prit pas la peine d’aller chercher une quelconque veste. Tant qu’il y avait du soleil, pour lui, c’était synonyme de chaleur.

__Tandis qu’il poussait la porte pour accéder à l’extérieur, Aaron lut la première définition : « Qui est beau, vigoureux physiquement; qui a une belle attitude extérieure, une mise élégante, luxueuse ». Il ricana et pensa directement à lui-même. Malheureusement, c’était un adjectif et c’était en dix lettres… Magnifique, bien entendu. Et ça collait parfaitement avec « Girafe ». Ses pieds le guidant, Aaron regardait très peu devant lui, occupé à se creuser les méninges pour une autre définition « Qui ressemble à une fille, mais qui est un garçon. ». Le mot lui avait échappé, et il décida à passer à un autre. A mesure qu’il marchait, Aaron devina pratiquement toute la grille, jusqu’à ce qu’il soit occupé par autre chose… et par autre chose qui sentait le féminin ! En effet, adossée contre un arbre, à quelques bons mètres de lui, Aaron avait aperçu une fille. Quelle tactique utiliserait-il aujourd’hui ? Le coup de ‘Excuse-moi mais, tu n’aurais pas l’heure par hasard ? Avec le sourire ravageur’ ou celui qui consiste à s’asseoir et lui demander de l’aide à son jeu ?’. Oui, vous pouvez le dire, c’était ridicule. Surtout que ce n’était pas une fille, mais Maverik. Bien entendu, ce petit détail, Aaron n’y avait absolument pas fait attention… Passant une main dans ses cheveux, Aaron fit comme si il n’avait pas remarqué la jeune fille et continua sa route. Jusqu’à ce que la voix posée de sa camarade de maison –oui, il avait quand même remarqué la couleur verte qui s’ornait à l’écharpe qu’elle… tripotait-

« Bonjour~ ! Belle journée, nan? »

__Il était pile devant elle ! Oh, ce qu’il aimait être pointilleux… Il se retourna, le regard léger et désormais tourné vers la Serpentard, sa feuille de mots croisés dorénavant rangée dans la poche arrière de son jean, en compagnie de son crayon gris. Aaron sourit légèrement, se contentant de déclarer une réponse clichée d’une voix feutrée.

- Oui, c’est agréable, hein ?

__Désormais qu’il lui avait adressé la parole, Aaron s’assit directement à la gauche de la belle. Il ne pouvait se mentir, elle était exactement son genre. Par contre, il fut quelque peu frappé par l’aiguille et le dessin qu’elle venait de coudre sur l’écharpe. Aaron ne reconnut pas tout de suite l’animal, mais il ne s’attarda pas dessus. Tch, c’était dommage. Elle n’était pas en jupe… Conscient qu’elle devait peut-être s’être rendue compte du regard qui l’inspectait presque, le jeune Serpentard tourna ses yeux marrons vers elle en lui adressant un autre sourire. Il était presque certain qu’elle ne résisterait pas à lui non plus. Il faut avouer que Aaron avait de nombreuses conquêtes. Pourquoi celle-ci serait-elle différente ? En plus, c’était parfait. Ils étaient pratiquement seuls dans le parc… Il pointa alors l’écharpe et déclara :

- Très sympa, ton furet !

__Comment ça, il a encore dit une bêtise ?

Nul doute que si Maverik avait su la vérité sur les pensées d’Aaron, ce dernier se serait retrouvé avec la bouche cousue par un fil bien résistant. Mais pour l’instant, il n’avait pas envie de faire preuve de violence. Enfin, pas encore plutôt. Sans compter que ce jeune homme, quelque soit son nom, était plutôt sexy. Et ça, c’était un très bon point. Même si le benjamin se faisait peu d’illusions. La plupart des mecs de cette école étaient hétérosexuels. Comme le voulait d’ailleurs une certaine logique, en un sens. Hum, ça faisait un bail que le serpentard n’était pas sorti avec quelqu’un… Le dernier en date ayant été Edward, un serdaigle plutôt intéressant, et incroyablement beau. Ils s’étaient séparés parce que leurs caractères s’opposaient trop et que ça devenait difficile à supporter. Bah, d’un autre côté, le célibat, ça faisait la paix. Pour preuve, il pouvait s’adonner à la couture en toute tranquillité maintenant. Mouais… Disons ça comme ça. Tout en continuant son Lapin, animal avec de grandes oreilles qui n’avait strictement rien à voir avec l’autre machin qui serait cité plus tard, il écouta l’individu lui répondre, sans perdre son sourire.

« Oui. Et puis, ça permet de passer un peu de temps ici, au lieu de rester enfermés à étudier. »
L’adolescent ponctua sa phrase, prononcée sur un ton calme et détaché, d’un léger rire, qui ne dura que quelques instants. Maverik ne riait que rarement, et seulement lorsque son humeur dérivait de sa base. Sinon, lorsque le lunatique n’était pas dans une crise idiote, il ricanait parfois froidement, pour se moquer de quelqu’un, mais sans plus. Perdant son sourire, pour le remplacer par un air concentré, le jeune garçon continua son travail de couture. Il était vrai que sa passion n’était pas des plus masculines. Cependant, il n’avait que faire des stéréotypes. Et puis, comme ça, il était original en moins. Même s’il était meilleur pour recoudre des vêtements abîmés que pour réaliser des motifs sur les écharpes. Bah, ça allait bien finir par venir avec un peu d’entraînement. Tout en manquant de s’enfoncer l’aiguille dans la main, un brin maladroit quand il écoutait quelqu’un parler, il observa que l’autre garçon s’installait à ses côtés. Il ne fit aucun commentaire à ce sujet et se contenta de continuer ce qu’il faisait. Oh, en temps normal il se serait, purement et simplement, contenter de faire dégager l’aîné, mais là, il n’en avait pas envie. Après tout, être asocial était mauvais à la santé, non ? Sans doute que non, mais Maverik pensait de cette manière à ce moment là.

L'androgyne rata cependant un point dans son ouvrage en entendant le nom de l’animal prononcé par le type qui squattait à ses côtés. Furet et lapin, cinq lettres pour les deux, mais pas les mêmes. Tch, ce n’était pas vraiment le genre de chose à dire. Quand on ne savait pas ce que c’était, mieux valait se taire… En plus, cet idiot de garçon aux cheveux rouges venait de réussir à se piquer le doigt avec son aiguille. Il porta sa main à ses lèvres, histoire de sucer le sang qui commençait à perler de la minuscule blessure. L’adolescent reposa alors son aiguille dans sa boîte avant d’observer son lapin quasiment terminé. Depuis quand un furet c’était blanc, hein ? Comment ça, ça existe ? Mais là n’est pas la question voyons ! Tout ce qui comptait à cet instant était l’erreur monumentale que venait de faire le type au pull blanc. Maverik pouvait réagir de plusieurs façons face à la situation. Enfin, tout dépendait de la façon dont allaient jouer ses émotions à cet instant. Et le mental du garçon étant loin d’être une science exacte, c’était pas gagné.

lapin

S’écria alors Maverik, avec un air soudain sérieux, tout en tournant la tête vers son aîné. Oh, c’est qu’il commençait à s’énerver un brin le gamin. Après l’ennui, la joie, puis la colère, à ce rythme, il allait véritablement finir par utiliser tout son patchwork d’émotions en une après-midi. En tout cas, le couturier n’avait pas vraiment l’air amusé par la situation. Il posa l’écharpe sur sa besace avant de croiser les bras, avec un air vexé.

Ce qu’adorait Aaron, avec les filles, c’est que d’une certaine manière, elles étaient pratiquement toutes pareilles ! Ses conquêtes étaient à peu près similaires. Et aucunes d’entres elle n’avaient résisté très longtemps. Il en était très fier, le petit Aaron. Il s’y connaissait assez pour les charmer vite. Mais questions animaux et autres machins à poils, à plumes ou à écailles, il était largement le plus mauvais. Il avait eu un jour un serpent, mais il est mort quelques jours après. Il faut avouer que Aaron l’utilisait souvent pour faire de la corde à sauter.

« Mais fuck ! C’est un lapin ! »

Depuis quand Aaron avait autant foiré dans une conversation avec une fille ? Et encore, le terme « depuis quand » n’allait pas du tout ! Il n’avait jamais sorti une telle ânerie ! En tout cas, bien que la jeune fille lui ait répondu sur ce ton l’attirait encore plus. En fait, c’était trop facile qu’elle tombe directement dans ses bras. Pour Aaron, plus elles s’éloignaient, plus elles étaient une cible excitante. Un peu dérangé sur les bords, il l’avoue. Mais d’une certaine manière, c’est ça, le jeu le plus amusant. Bien plus que ses mots croisés froissés dans sa poche. Bref ! Pour lui, ce lapin n’en était pas un. Mais pour rattraper le coup, il fallait qu’il sorte quelque chose, et vite. Quelque chose qui la ferait craquer et qui la ferait le pardonner directement. Facile à penser, moins facile à dire…

- Ha heu oui en effet ! C’est… c’est à cause de la lumière hein et tu vois et puis… Bref.

Signes vitaux en chute, boulet mode on… Processus Don Juan en arrêt. C’est quoi ce délire ? Depuis quand il bafouillait et qu’il trouvait une excuse aussi pourrie ? Mais que lui arrivait-il ? Où était donc passé le Aaron dragueur et à l’aise avec les filles ? Il eut un petit ricanement nerveux et évita désormais le regard de sa camarade. De plus, cette idiote s’était piquée avec l’aiguille. L’image furtive de la Belle aux Bois Dormants apparut dans son esprit. Ah ! Ce vieux conte moldu débile. La couture, c’est nul et c’est débile. C’est bien pour ça que les filles font ça. Oh, le macho. Surtout que d’après un de ces amis, un garçon de l’école avait pour passion la couture… Comment s’appelait-il déjà ? Matrik… Machevite… Macerik… Maverik ! Maverik Sheperd ! Il l’avait croisé une fois. D’ailleurs, la fille lui ressemblait drôlement. C’était sûrement sa sœur. Et elle était très sexy. Mais soudain, Aaron fit des yeux ronds. Maverik… Sheperd… OH MY GOD ! Cette magnifique jeune fille ne serait pas justement le garçon qui fait de la couture ?! Cela faisait un petit moment qu’il ne la fixait plus. La ? LA ? Qui lui disait que ce n’était pas ce garçon débile, qui plus, est…

- Androgyne…

Il avait murmuré cela pour lui-même. Lui, Aaron Lewis, élève de Serpentard en septième année. Lui, Aaron Lewis, celui qui avait d’innombrables conquêtes avait voulu charmer… un garçon ? Le garçon qui lui avait paru le plus ridicule et sur lequel ses amis et lui avait plaisanté toute une soirée sur ses tendances féminines, l’an dernier ou il ne sait quand ? Aaron ravala alors difficilement sa salive, avant de se tourner avec stupeur vers le garçon, ou la fille. Oui, le petit Serpy’ est pommé hein. Mais on ne va pas lui en vouloir. Pour lui, le jeune homme à la tendance de fille avait complètement changé depuis la dernière fois qu’il l’avait croisé. Ou alors c’était simplement Aaron qui n’avait aucune mémoire. D’habitude si détendu, il faut croire qu’il avait un peu l’allure d’un dégénéré un peu psychopathe et masochiste sur les bords…

- MAIS T’ES UN MEC ?!

Question ? Affirmation ? Le pauvre gosse. Celui qui est vraiment à plaindre, c’est sûrement celui qui est en face de Aaron.

La lumière il allait la voir quand il serait dans une chambre d’hôpital pour coups et blessures et qu’il n’aurait plus que comme passe-temps de fixer les néons à la couleur agressive au dessus de son lit en attendant de récupérer. S’il récupérait un jour, cela va de soi. Il faut dire aussi que quand on fait de la couture depuis des années, on n’aime pas forcément se faire rappeler qu’on est loin d’être un professionnel en la matière. Mais le tact ça existe, bordel ! Tch, ce type ne savait vraiment pas parler aux femmes, pardon, aux androgynes. En tout cas, maintenant qu’il avait vexé Maverik, ce dernier risquait de lui en vouloir pendant un petit moment. Ou bien oublier l’histoire en deux secondes si son humeur décidait de virer de bord pour la énième fois de la journée. Bah, de toute manière, se fâcher ou non avec ce crétin, il s’en foutait carrément. Après tout, quand on ne sait pas différencier un lapin d’un furet, c’est qu’on ne vaut rien. D’un autre côté, ça faisait quelques temps que l’adolescent ne s’était pas énervé et qu’il n’avait pas eu l’occasion de défendre son point de vue sur quoi que se soit. C’est vrai qu’il parlait un brin moins aux autres en ce moment. C’était pas important à ses yeux, il était très bien dans son coin, enfin devant la foule entière plutôt, mais en solitaire. Après tout, mieux vaut être seul que mal-accompagné. Et les gens de cette école ne le méritait pas. Bon, sauf Edward, mais lui c’était du passé.

« Nan, j’comprend fucking pas ce que tu veux dire avec ta fucking lumière. Si tu vois pas, t’as qu’à acheter des lunettes, abruti ! »

La sur-utilisation du verbe fucking peut nuire à votre santé, faites attention en l’utilisant. Tout en repliant soigneusement son écharpe pour la ranger, avec des gestes un peu trop brusques pour son propre bien, il écouta, sans vraiment y prêter attention, le mot qu’échappa, sans le vouloir, son vis-à-vis. Et il se stoppa net dans son action. Encore ? Nan, mais ils avaient pas marre de tous le prendre pour une fille en ce moment. C’était quoi cette manie stupide, hein ?! Il avait les cheveux longs, certes. Il voulait devenir couturier, et alors ? On ne le voyait jamais sans du vernis à ongles et des bijoux, c’est un fait… Au diable ces foutus stéréotypes, bon sang ! Ça lui rappelait un brin l’année précédente, lorsque quelques types d’une année de plus que lui l’avaient critiqué ouvertement, alors qu’il était dans le périmètre. Tant d’une humeur un brin apathique ce jour-là, il n’avait eu aucun mal à les ignorer, mais après coup, il avait ressentit une certaine colère envers ces crétins. Bah, ils étaient juste jaloux de sa beauté et de son talent, voilà tout. D’ailleurs, à propos de ce jour-là… Un des deux concernés n’était-il pas ce type ? Le machin juste à côté de lui ? Ça méritait une certaine vengeance ça, nan ? Hum… A voir son air apeuré lorsqu’il se mit à crier la fatidique question, Maverik perdit ses envies de cruauté aussi vite qu’elles étaient venues.

Enfin, en partie tout du moins. Parce qu’il était toujours en colère et que ce sentiment ne faisait qu’augmenter à chaque instant. C’était bien fait, tellement bien fait pour ce crétin d’Aaron Lewis, connu comme le plus grand, ou presque, dragueur de l’école. Oh oui, il en aurait presque affiché un grand sourire amusé. Seulement, il avait plus envie de lui hurler dessus que de sourire à cet instant précis. Maverik retira d’un geste sec ses lunettes orangées, pour fixer Aaron avec un regard empli d’une colère noire. Et le ton avec lequel il parla n’avait rien de bien amical non plus.

« Tu avais oublié à quoi je ressemblais, Lewis ? Pourtant, l’an dernier, tu ne t’es pas gêné pour te foutre de moi alors que j’étais à moins de dix mètres. T’es assez stupide pour oublier aussi vite les gens dont tu te moques ? Et oui, pour ton information, je suis bien un mec, même si ça, je pense que tu l’avais très bien compris lorsque tu t’es mit à gueuler. »

Et, d’un geste étonnamment rapide et fort de la part de celui qui était vu comme faible, il attrapa Aaron par le col avant de poser ses lunettes sur ses genoux de son autre main. Il y eu un blanc, tandis que le cadet hésitait franchement, le regard encore colérique. Puis, il y eu un silence et l’adolescent se redressa un peu avant d’embrasser l’autre. Bon, ce ne fut même pas un baiser tant cela fut bref et rapide mais disons que ça devait être suffisant pour choquer Aaron à vie. Le lâchant sèchement, Maverik s’essuya la bouche du revers de sa main avant de croiser les bras, les joues légèrement rougies et l’air toujours aussi peu amical.

« Ça, c’était ma vengeance. »

Définition du remord, s’il vous plaît ? ~ « Mordre de nouveau »… Non, ce n’est pas la bonne page. « Causer une douleur morale par de vifs reproches. » Ouais. Bof.

Fucking, fucking et… lunettes ? Non mais il lui ferait pas des avances là, le p’tit Shepherd ? Oui parce que si on s’en tient à la langue, fucking c’est pas qu’une expression vulgaire à la base, hé ouais. La base de fucking c’est bien fuck, et puis fuck, ça veut dire baiser ! Have sexual intercourse, darling ! Non mais les adolescents quoi. Sinon, avant, Aaron portait bien des lunettes. D’ailleurs il a fait exprès de les casser une centaine de fois avec ces potes. C’est pratique. Donc disons que de très près, Aaron ne voit pas vraiment bien. D’ailleurs pourquoi n’avait-il pas pensé à cette excuse là au lieu de mettre sur le tapis une histoire de LUMIERE, avec ce fichu lapin-chat-furet hein ? C’est clair qu’il n’en était pas une. Mais bizarrement, Shepherd le déstabilisait drôlement. Il y avait ce regard, et puis cette attitude. C’était trop différent des autres. HAA ! En tout cas, lorsque que Maverik lui déversa toute la terrible vérité de l’an passé, Aaron se retint légèrement de rire. Ca n’avait rien de marrant pourtant, alors il méritait bien l’adjectif abruti.

Et puis, pourquoi Shepherd se rapprochait ? Pourquoi il tenait aussi fermement Aaron –d’ailleurs comment faisait ses petits poings de filles là, au juste- ? Juste pourquoi bordel ?! Aaron priait pour ne pas avoir l’air d’une tomate. La proximité était trop grande et c’était… agréable ? Vas y Shepherd, tabasse-le si ça t’enchante. Ca lui remettra les idées en place au moins. Journée pourrie oui. Fixant Maverik avec l’impression que le monde ne tournait plus très rond, Aaron ne s’attendait vraiment pas à ce que Shepherd fit à la seconde suivante. C’était quoi, ce truc de soie qui a frôlé ses lèvres un quart de minute du tiers de celle-ci ? Malgré que ce fût court, Aaron fut carrément choqué. C’était quoi ça, BORDEEEL ? Avoir l’esprit complètement déglingué, être pommé comme jamais… et dire qu’il avait eu la prétention de croire que cette journée serait tranquille. Qu’il serait libre.

« Ca, c’était ma vengeance. »

Vengeance, mon merlin ouais. Avoue que ça t’a fait plaisir, SHEPHERD ! Ah le crevard. Il mériterait une bonne casse bouche party. Aaron se releva très vite, l’air complètement perdu et le teint légèrement rosé. Le baiser ; ok. Le gars ; pas ok du tout. Non mais ça détruirait complètement sa réputation. D’ailleurs, il espérait fermement que personne n’avait vu ça. Et puis qu’il s’essuie la bouche, il aurait quand même pu éviter. Ce n’était pas si dégueulasse que ça quand même… Si ?

- Non mais t’es dingue ou quoi, Shepherd ?!

Sur ces paroles, Aaron recula légèrement et bascula à cause d’une racine de l’arbre sous lequel lui et Maverik étaient. Sur le dos, gémissant légèrement à cause de la dureté du choc de la chute, Aaron avait les bras tendu de chaque côté. On fait l’ange dans l’herbe, Lewis ? Ce qu’il était pathétique. On pouvait faire rarement mieux. D’un côté, il était soulagé. La fille avec laquelle il avait foiré n’en était pas une ! Il pouvait donc garder pour lui ce baiser furtif (il n’empêche malheureusement pas mal du tout pour lui) et déclarer encore qu’il ne s’était pas encore pris de râteaux. Enfant prodige du charme, ce n’était pas dans le terrain de l’homosexualité qu’il allait faire des ravages. L’adolescence, c’était trop prise de tête. D’ailleurs le débile qui a inventé cette période devrait crever. Toujours à terre, Aaron remarqua du coin de l’œil que la manche de son pull avait été légèrement déchirée. Comment avait-il fait ? Aucunes idées. D’un côté, il n’en avait rien à faire. Et puis d’un autre, il fallait qu’il trouve le courage de se lever.

- Fucking racine.

Voilà qu’il se mettait à parler comme Shepherd.

C’était quoi cette idée affreusement foireuse de vengeance là ? Honnêtement, y’avait mieux. Il aurait pu lui casser quelques dents par exemples. Vu les bagues qu’il portait aux mains, nul doute que les dégâts sur le visage, étrangement beau d’ailleurs, d’Aaron auraient été importants. Mais non, il avait fallu qu’il choisisse la méthode douce. Enfin, douce, c’était un bien grand mot. Maverik avait sans doute causé un traumatisme grave à petit pois qui servait de cervelle à son camarade. D’un autre côté, c’était bien fait, il avait qu’à pas l’avoir provoqué l’année précédente. A croire que le cadet était tout de même tenace en matière de vengeance. Ou bien, il avait peut-être juste eu envie d’embrasser Lewis parce qu’il le trouvait attirant.

Erreur système, l’application ‘attirance’ a été bloquée par le module ‘crétin’.

Nan, ça devait être autre chose. Après tout, il était impossible que Shepherd puisse n’avoir ne serait-ce qu’un semblant d’intérêt pour le rouquin dégénéré. C’était plutôt un sentiment inverse. La colère, l’envie de lui coudre les lèvres avec un fil, celle de lui arracher les yeux, de l’embrasser… Rah, son cerveau était bien trop embrouillé pour qu’il puisse réfléchir de manière normale. Enfin, ce n’était pas comme si Mav’ possédait une façon de penser normale à la base. L’adolescent aux cheveux rouges remit ses lunettes d’un geste rapide, tandis que ses joues reprenaient leur teinte blafarde naturelle. Pourtant, lorsque l’autre lui demanda s’il était dingue, admirons au passage qui ose demander ça, il ne su pas quoi répondre. Oh, on lui avait déjà fait la réflexion qu’il avait un grain et dans la situation précise il devait bien reconnaître qu’il s’y était mal prit mais… Les deux garçons avaient le point commun de ne pas s’avoir s’excuser visiblement. Et de ne pas admettre leurs torts. Enfin, la plupart du temps. L’androgyne répondit alors par un simple regard sombre, tandis qu’il fixait les prunelles de son vis-à-vis comme pour les détruire.

Cependant, l’action suivante, de la part de Lewis, mit, plus ou moins, un terme à la colère de Maverik. En effet, l’aîné se redressa alors et, en bon pas doué qu’il semblait être, se ramassa dans une racine. C’était bien fait. Très bien fait. Dommage qu’il soit encore en vie, bien qu’il était sans doute possible à Shepherd de l’achever avec sa boîte de couture. Pourtant, ce ne fut pas la réaction du couturier. Non, il se contenta de changer littéralement d’humeur, sans s’en rendre compte. Et un grand rire se fit alors entendre dans le parc, tandis qu’il se moquait ouvertement de l’autre. Se tenant les côtes, Maverik eu un fou-rire d’une bonne minute, riant de sa manière un peu étrange, oscillant entre le ricanement froid et l’amusement enfantin. Puis, il réussit finalement à se calmer et il essuya les larmes d’amusement qui avaient perlé aux coins de ses yeux avant d’observer le truc étalé sur le sol.

« Fucking abruti qui ne l’a pas vu plutôt. »

Répondit tranquillement le garçon, tout en affichant un fin sourire moqueur. Son regard noisette se posa alors sur le pull blanc de l’aîné, qui était déchiré au niveau d’une manche. Bon, que l’individu se fasse mal, il s’en foutait carrément. Mais alors un morceau de tissu… Ca, c’était impardonnable. Fouillant dans sa boîte de couture, il en sortit une aiguille et du fil blanc avant de se mettre à genoux à côté du corps de Lewis.

« Bouges et j’te coud la peau au lieu de ton pull. »

Une annonce très réjouissante. Maverik attrapa alors le bras de Lewis, le posant sur ses genoux, avant de commencer à recoudre le pauvre pull. En un sens, il aurait sans doute parfaitement pu lui enfoncer l’aiguille dans la chair. Ca aurait été amusant et vengeur. Mais bon, l’instinct du couturier battait toujours celui du sadique. C’est pour cela qu’il travailla avec application, assez rapidement d’ailleurs. Une fois son œuvre terminée, il repoussa, sèchement le bras de son aîné avant de se relever pour ranger son aiguille et son fil. Le travail qu’il venait de réaliser était parfait et on ne voyait même plus qu’il y avait eu un trou quelques instants plus tôt. Adossé contre l’arbre, les bras croisés, le garçon aux cheveux rouges réajusta ses lunettes tout en observant le truc sur le sol, pardon Lewis, sans rien ajouter.

Donc, si ça avait été une fille, une vraie s’entend, Aaron aurait certainement vu sa vie défiler devant ses yeux. Mort certaine assurée. Une fille, c’était sans arrêt en train d’alimenter les ragots, et bouche à oreille, ça va vite. La réputation, c’est une bonne chose, mais seulement lorsqu’elle est excellente. Non pas que celle de Aaron l’était mais auprès des filles, il ne pouvait pas dire qu’il leur était indifférent ! Impossible d’ailleurs, pour lui, c’était juste impossible d’imaginer qu’aucunes filles ne s’intéressaient à lui. Un brin égocentrique ? C’est pas moi qui l’ai dit. Sauf que Aaron était surpris, et pas que de lui-même : non seulement Shepherd était plus malin que ce qu’il avait cru, mais il était plus maladroit que ce qu’il avait pu s’imaginer –si encore il s’était déjà imaginé trébuchant sur une FUCKING racine…-

En tout cas, Aaron ne comptait pas perdre toute la dignité que Mave’chin-chose lui avait si durement enlevé ! Hors de question de perdre une seconde fois la face. Mais comment se défendre devant un mec qu’il a prit pour une fille qui l’a embrassé furtivement après qu’il ait dit explicitement que son lapin ne ressemblait à rien ? Rien que d’y penser, ça lui donnait mal à la tête. Et puis, ce qui le choquait encore plus, c’est que ça lui avait fichtrement bien plu, tout ça. Enfin mis à part sa chute et ses réponses sans queue ni tête, le reste restait agréable. Et le Serpentard ne comptait absolument pas accepter cette attirance… Si encore ça en était une. Il n’en avait rien à faire de ce fucking petit chose là, ce truc au merlin de prénom qui ne pourra jamais retenir. Comment ça, il exagérait ? Mais vraiment, il avait peur de prononcer le prénom Maverik sans l’écorcher –oui, il a quelques problèmes avec sa langue natale, voyez-vous…-. Non seulement il serait ridicule, mais en plus, ce serait absurde de le nommer ainsi alors que ce truc INFERIEUR à lui –Aaron serait-il un peu orgueilleux ? C’est pas moi qui l’ait dis !-, ce truc qui venait de le défoncer moralement comme aucunes autres personnes ne l’avait fait avant. Puis il n’arrangeait rien. Surtout qu’après s’être ramassé comme jamais, Aaron entendit le rire quelque peu original de Shepherd retentirent dans tout le parc. Si il avait su, il serait resté dans la bibliothèque aider son pote. Les yeux étroitement fermés, Aaron n’osait même plus les ouvrir. Bien qu’il se résolut à regarder quelques secondes après l’œil moqueur.

« Bouges ou j’te coud la peau au lieu de ton pull. »

C’était censé, être une menace ? Genre Aaron avait peur d’une petite aiguille. La bonne blague… Sauf qu’Aaron avait entrevu l’aiguille juste avant de se mettre à ricaner. OK. Il n’allait pas bouger hein. Saloperie de couturier, il en avait dans le ventre. N’empêche qu’il se débrouillait pas mal, le petit gars. D’ailleurs si une fille avait fait ça, poser son bras sur ses genoux, elle pouvait s’attendre à un geste anodin de la part d’Aaron ; une p’tite caresse par ci quoi, oui, parce que les genoux c’est pas loin des cuisses –il est carrément calé niveau corps humain le Lewis-. Sauf que vu les circonstances, Aaron comptait bien s’en passer. Il aurait eu l’air de quoi, là, à toucher les jambes d’un mec ? D’un bi. ET NON C’EST PAS UN BI. Il refuse. Enfin plutôt il n’admettra jamais que Shepherd est pas mal du tout, du tout. Ou alors si, mais avec une jupe et des jambes rasées –d’ailleurs qui pourrait savoir si elles l’étaient pas hein ?- Perdu dans ses pensées, la main droite libre plaquée contre ses yeux contrairement à celle de gauche, Aaron sentit que Maverik avait finit sa tâche. Ouuh, le gentil. Il avait bien fait son travail de joli couturier !!*... Crevard. Tu te la joue bien avec ton aiguille et tes fils, tss.*

Aaron se redressa, sentant le regard de Shepherd sur ~~son corps irrésistiblement beau owi~~ heu sur lui pardon.

- OK. T’es heureux parce que tu t’es bien foutu de ma tronche, et que t’as fait ‘mumuse avec tes fils ? Bravo, on peut dire que t’as bien gagné ta journée.

Il se releva adroitement, le jean quelques peu terreux désormais, Aaron tournait alors le dos à Maverik. S’époussetant vite fait mal fait le pantalon en se baissant légèrement, le Serpentard se remit désormais bien droit et s’appuya contre l’arbre en croisant les bras, fixant Shepherd de ses yeux marron avec un sourire carnassier. Bien qu’il pensait être très sûr de lui-même, Lewis ne savait absolument pas quoi dire. L’esprit lunatique de son interlocuteur couturier l’avait déstabilisé sèchement. Peut-être même inconsciemment, Shepherd était vachement rusé. En apparence, ça doit sembler facile de déconcerter Lewis, mais non. Alors bon, il l’avait eu, sa vengeance. Une double vengeance, même. Le baiser et le foutage de gueule bien puissant contre ses petites boutades de l’an dernier.
Aaron se pencha subitement, à quelques centimètres du visage de Shepherd :

- Quoi que tu fasses, je continuerais à penser que tu es un affreux petit androgyne de merlin.

Il se ment pas un peu à lui-même, le p'tit Aron ?

Dieu que c’était énervant de ne pas pouvoir contrôler correctement ses émotions. Si ça continuait ainsi, Maverik allait finir par avoir une crise qui le conduirait à se conduire comme un allumeur en puissance, ou un truc dans le genre. Avec sa chance… Oh, ça arrivait rarement mais il n’aurait pas vraiment aimé se retrouver à faire des avances à la carotte géante devant lui. Il y avait des limites à la honte tout de même. Surtout qu’il en avait déjà fait assez pour la journée en posant ses lèvres innocentes sur celle de Lewis. Bon, ça n’avait duré qu’une fraction de seconde, mais c’était déjà beaucoup trop. D’un autre côté, ça ne lui aurait pas forcément embêter de recommencer. Juste pour jouer avec les nerfs d’Aaron, hein ! Il n’avait pas la moindre arrière-pensée ou once de sentiments amoureux pour ce sale type. Okay, il y avait peut-être une microscopique attirance physique, mais rien de plus. Lewis aurait plus été le type de personne avec qui il aurait couché un soir sans se soucier du lendemain qu’un petit ami potentiel. De toute manière, Maverik pouvait penser ce qu’il voulait, il n’y aurait jamais rien entre lui et l’autre Serpentard. Ils étaient juste trop opposés pour se comprendre et se supporter.

« Oh, j’aurai été plus heureux si j’avais pu sceller tes lèvres par un fil. Histoire que tu fermes ta fucking grande gueule. »

Les mots jaillirent de la bouche de l’androgyne sans même qu’il cherche à les retenir. C’était étrange comme l’autre crétin arrivait à faire revenir sa colère rapidement. En un sens, c’était presque… Agréable. Un peu comme si les émotions de Maverik étaient sous contrôle, pour une fois. Enfin, ça ne l’empêchait pas de mal-parler ou d’afficher un air franchement ennuyé. Cependant, le fait de pouvoir rester autant sur une petite palette d’émotions était un événement plutôt rare pour le cadet, qui avait de plus en plus envie de continuer leur semblant de conversation. Il voulait provoquer l’autre, lui mettre les nerfs en pièces. Parce qu’il n’y avait rien de plus amusant que de faire en sorte que quelqu’un le déteste, qu’il lui en veuille, tout en étant coupable. Maverik ne faisait jamais rien de mal de toute manière. Après tout, ce n’était pas de sa faute si son caractère était un brin étrange.

De sa main gauche, il redressa un peu ses lunettes, qui tombaient de son nez, pour regarder le visage qui venait de se rapprocher un peu trop du sien. Le sourire de requin ne lui fit ni chaud ni froid. Après tout, à part exhiber une très belle dentition, ça ne servait strictement à rien. La colère se fana alors un brin, laissant place à un vague soupçon d’ennui tandis que le gamin aux yeux noisettes soutenait le regard de son vis-à-vis, sans ciller. Si Lewis voulait l’impressionner, il avait intérêt à trouver mieux que ça. Là, il arrivait seulement à avoir l’air ridicule. Et dénué d’intérêt. Mais bon, après tout, c’était le pire crétin de Serpentard qu’il avait devant lui, et pas un Serdaigle intelligent, un Poufsouffle malin ou un Gryffondor vif. Le visage de l’aîné se rapprocha alors de celui de Maverik, qui continua d’afficher un air calme, mais dénué du moindre amusement, tout en écoutant ce qu’il avait à lui dire.

« Je préfère être un androgyne plutôt qu’un débile, fucking bastard. »

Voilà la réponse que lança le Serpentard. Sur un ton étrangement vide de colère, même si la lueur de rage dans ses prunelles noisettes contredisait son calme apparent. Et puis, il y eu un instant de néant, où il ne se passa rien. Et Maverik en profita pour poser ses lèvres sur celles de Lewis, again. Un instant qui dura tout de même un peu plus longtemps que la fois précédente mais qui prit fin de manière brutale tandis que Shepherd s’essuyait de nouveau la bouche avec la main tout en soupirant.

« Tu sais, si je te dégoûte tant que ça, darling, tu devrais me foutre un peu la paix, Lewis~ »

Marmonna le garçon sur un ton ennuyé tout en affichant un air franchement peu intéressé par la situation et pas le moins du monde coupable. Son caractère lunatique avait visiblement frappé de nouveau, lui enlevant son sens de la logique. Parce que pour quelqu’un qui avait l’air de ne pas vouloir se rapprocher d’Aaron deux minutes plus tôt, il agissait étrangement.

Ce que Aaron ne supporte pas ? Ah oui, l’indifférence que porte certains à lui. Que ses mots ne fassent rien à celui en face de lui, pas un brin de colère, ni d’indignation. C’est à croire qu’on se fichait plus ouvertement de lui que ce qu’il se foutait de l’autre. La sensation d’être impressionnant, d’être plus important qu’on l’est, ce sentiment de sérénité, ce sentiment d’assurance… C’était complètement différent ce qu’il ressentait à l’instant. D’abord la frustration, le choc qu’il endure. Bref ! La journée ne risquait pas de finir bien. D’ailleurs, quand il remonterait dans la salle commune, certains allaient devoir supporter sa mauvaise humeur. Il perdait littéralement ses moyens avec Shepherd. Et ses paroles le mettait bien plus hors de lui qu’il le laissait croire. Voyez plutôt, la phrase qui lui lança ne lui plut pas du tout. D’ailleurs, si ça avait été quelqu’un d’autre, il l’aurait mis en pièce. Pourquoi ne faisait-il pas pareil, là, maintenant, que d’habitude ?

« Je préfère être androgyne plutôt qu’un débile, fucking bâtard. »

Moue sur les lèvres, option facultative : le sourcil droit plus haut que le gauche. C’est quand qu’il arriverait à la lui faire boucler, hein ? Incroyable. Shepherd semblait ne jamais perdre la face. Il était trop différent des autres que Aaron avait l’habitude de torturer un peu… L’idiot, oui. Shepherd semblait se foutre complètement de Aaron. Ca le gênait ? Pas vraiment, mais ça le frustrait plus qu’autre chose ! Surtout qu’il hésitait fortement à se jeter sur lui et lui en coller une. Malgré son statut de sang pur, il faut avouer que Aaron adorait utiliser les poings. Fixant les yeux de son interlocuteur, Lewis eut droit à un deuxième refroidissement et coup dans son moral. MAIS BORDEL. Qu’est-ce qu’il avait à l’embrasser désormais, c’était quoi, cette fois, l’excuse ? Nouvelle vengeance ?

« Tu sais, si je te dégoûte tant que ça, darling, tu devrais me foutre un peu la paix, Lewis~ »Aaron se releva, les yeux fermés à cause du baiser, de ce merlin de baiser qui lui faisait pas du tout ( ?) plaisir, les sourcils froncés au maximum, comme si il venait de se prendre du poivre dans les yeux. Les poings serrés, le teint légèrement rougi, Aaron commençait à en avoir ras le bol. Mais aussi, que lui avait-il pris de se rapprocher ? Est-ce qu’il attendait justement ça ? Haha. N’importe quoi. Aaron rouvrit les yeux, l’air toujours aussi frustré et déstabilisé qu’il ne l’avait jamais été.

- Et toi, Shepherd, t’as l’air d’avoir une fucking attirance pour les bâtards, alors ? Si tu veux que j’te foute la paix, tu devrais arrêter de me sauter dessus dès que j’suis à moins de vingt centimètres de toi.

Loin le but de vouloir détrôner ou déstabiliser à son tour Shepherd de son instant de gloire, Aaron fulminait. Cet androgyne était vraiment trop compliqué. A croire qu’il passait d’un état à un autre. C’était carrément une prise de tête, déjà que Aaron a du mal à suivre le moindre petit changement dans un quotidien léger. Et là, disons qu’il devait faire face à un énorme, incroyable changement. Déjà, cet imperturbable Mave’chin-chose, ce truc qui portait une indifférence à tout ce qui ne touchait apparemment pas à lui-même ou à son truc brodé tout moche et même pas mignon, et cette situation qui devait être, à la base, une bonne séance de drague pépère et sans problème. A la place, il devait se farcir ce Serpentard aux tendances changeantes et ces baisers répétitifs. Aaron perdait peu à peu la face, à croire que Shepherd le dérégler complètement. Il en perdait ses moyens, son anglais… Bref, tout ce qui pouvait faire de lui le Aaron orgueilleux et susceptible de vous détruire en moins de deux.

Il n’en avait strictement rien à foutre de passer pour un dingue en puissance. Après tout, il était Maverik Shepherd, le sale gosse qui avait une mauvaise réputation depuis sa première année. Arrogant, changeant et beaucoup à trop côté de la plaque pour être dans la normalité, l’adolescent avait développé une sorte de capacité de pouvoir ne jamais se soucier de l’avis des autres. Ils n’étaient pas lui alors ils n’avaient qu’à se la fermer. Aaron n’échappait pas à cette règle. Et son cadet n’avait pas le moins du monde l’attention de se soucier de son avis ou de ses paroles en l’air qui ne servaient strictement à rien. Par contre, l’idée de pouvoir un brin s’amuser avec les nerfs de cette grande carotte un brin idiote l’amusait beaucoup. Et, sans le moindre avertissement, le gamin aux cheveux rouges tapa joyeusement ses mains l’une contre l’autre avec un sourire plutôt amusé qui se dessinait sur ses lèvres. Oula, là, il venait définitivement de ranger son côté blasé pour le remplacer par quelque chose d’assez différent. Et qui ne présageait rien de bon pour la suite. Voyez-vous, le désavantage des changements violents de l’humeur d’une personne c’est que cette dernière peut finir par dire n’importe quoi sans même s’en rendre compte. Comme dans la situation actuelle en fait.

« Je te saute dessus parce que tu es sexy et que tu m’énerves. Mais je ne t’aime pas. Parce que je n’aime que ma propre personne. Même si t’es pas mal pour une enfoirée de carotte. Oh, j’ai oublié pourquoi tu m’énervais… Ah oui ! Parce que tu m’as confondu avec une fille. Je suis bien plus mignon qu’une fille d’abord, nan mais ! »

Maverik posa ses mains sur ses propres hanches tout en penchant légèrement la tête sur le côté avec l’air perdu dans ses pensées quelques instants. Il réajusta ensuite les lunettes qui tombaient de son nez à cause de sa position, tout en faisant la moue, comme pour montrer qu’il n’était pas content de la situation. Quelques secondes plus tard, il ramassa son sac qu’il remit rapidement sur une de ses épaules avant de passer une main dans ses cheveux sombres pour vérifier qu’ils étaient parfaitement coiffés, le tout en ignorant superbement Aaron. Son apparence passait avant tout sans doute. Et puis, après quelques minutes de préparation à la perfection, il se tourna brusquement vers l’autre garçon, avec un sourire aux lèvres. Encore un changement d’état ? Qui sait… Après tout, le Serpentard était imprévisible et il était impossible de savoir exactement ce qu’il pensait. Le cadet ne sembla même pas hésiter une seule seconde avant de dire ce qu’il avait en tête, ne se souciant absolument pas des conséquences de ses paroles.

« Hey darling~ ! Toute cette histoire c’est de ta faute. Mais je ne t’en veux pas tant que ça. Enfin pas pour le moment. Dans cinq minutes je tenterai peut-être de te tuer, ça m’arrive parfois, j’aime bien coudre la peau des gens quand ils m’énervent … Ah, je détourne la conversation… Bref, ce que je voulais dire c’est que… »

Il y eu un silence tandis que Sherpherd semblait chercher ses mots d’un seul coup. Commençant à marcher vers le château, tranquillement, il se retourna au bout de quelques pas, se souvenant visiblement de ce qu’il voulait dire. Son sourire semblait moins brillant et un moins amical mais sans être colérique ou froid et il tira la langue à son vis-à-vis quelques secondes avant de faire demi-tour tout en parlant de nouveau.

« T’es plutôt pas mal pour un hétéro, fucking Lewis. »