Dispute pour une croix [PV Maverik]

Un soupçon de parfum, un trait de crayon noir sous les yeux et un dernier coup de brosse dans les cheveux tombant impeccablement. Rachel se regarda une dernière fois dans le miroir de sa coiffeuse et après s’être dit qu’elle était très ravissante ce matin, elle rangea ses outils de beauté dans un tiroir et s’en alla en claquant la porte.

Elle dévala les quelques marches qui menaient dans la salle commune et sortie par le tableau sans un regard pour les autres élèves. Bien sur, elle fut remarquée, elle entendit des chuchotements dans son sillage, ce qui la contenta. Elle aimait être l’objet de toutes les attentions et surtout être unique ! Et justement, aujourd’hui la belle avait tapé fort pour être unique. Accroché à son cou, tombant dans son profond décolleté, un gros pendentif noir en forme de croix sautillait à chacun de ses pas. Plutôt habituée à porter des colliers roses, avec des paillettes ou en forme de cœur, elle était tombée immédiatement amoureuse du pendentif lorsqu’elle l’avait vu dans une vitrine à Londres.

Rachel sortit par le tableau de la grosse dame et fut surprise par l’effervescence qu’il régnait déjà dans les couloirs du château. Des élèves se bousculaient, chahutaient, criait, se bâtaient… Rachel, releva le nez, bomba sa poitrine et commença à se pavaner devant tous ces abrutis. Elle descendit ainsi les nombreux étages qui la séparaient avec le rez-de-chaussée, où le petit déjeuné était donné comme tous les matins. Elle posa sa main sur la rampe de l’escalier et fini de parcourir les quelques marches en maitresse de maison, mettant bien en avant son bijou.

Vantardise, originalité, provocation et surtout égocentrisme, voilà quels étaient les maitres mots de cette journée qui s’annonçait promettant.

Une fois arrivée à destination, elle se cala contre la grande porte qui séparait le hall et la grande salle de manière à se mettre en avant une fois de plus et distribuait à qui voulait bien l’entendre des :

- Oui je sais, je suis particulièrement belle aujourd’hui
- Tu es jalouse de mon pendentif n’est-ce pas ! Il est unique… Tout comme moi !
- Ne t’inquiète pas, un jour tu arriveras à être moins moche qu’aujourd’hui
- Dommage pour toi que ta mère ressemble à un troll des marais
- Je sais que tu m’aimes et que tu n’oses pas me le dire. Mais de toute manière tu n’es pas mon style !

Les élèves apostrophés de la sorte la gratifiaient d’un haussement de sourcil ou d’un ricanement pathétique. Mais Rachel ne se rendit pas compte de sa ridiculité.

Arrivant du sous-sol, elle vit un garçon qu’elle ne connaissait que de vue. Un espèce de troll avec une chevelure rouge aussi longue que celle de Rachel, mais bien moins jolie d’après elle. Ils ne s’étaient jamais vraiment parlé, mais elle connaissait sa réputation qui était bien trop similaire à la sienne ! Rachel bomba la poitrine et mit en avant son superbe bijou pour provoquer le garçon…

Ce matin-là, Maverik fit spécialement attention à son apparence, enfin encore plus que d’habitude. Parce qu’il avait acheté, dans une boutique de Londres, il y a quelques temps, un nouveau bijou. Oh, rien d’extraordinaire, enfin pour lui tout ce qu’il mettait l’était, juste une nouvelle croix. Il était connu, dans l’école, que l’adolescent ne portait quasiment que des bijoux de cette forme. C’était ce qui le différenciait des autres et en plus, ça lui allait toujours sublimement, selon lui là encore. Devant son miroir, il enfila ainsi son nouveau collier rapidement, avant de s’admirer plusieurs minutes. Que c’était sublime ! Avec ça, il était sûr de bien se faire remarquer et de prouver qu’il avait du goût. Ou pas. La nouvelle croix qu’il venait de mettre était un brin imposante, comparée à ses autres bijoux, mais ça ne l’empêcha pas de mettre une bonne partie de sa panoplie d’objets précieux. Après un bon quart d’heure passé à mettre tout ça, parce qu’entre les bagues, les boucles d’oreilles, les bracelets et les colliers ça lui prenait du temps tout de même, il se décida enfin à sortir de son dortoir. Enfin, ceci après avoir vérifié que sa chemise blanche n’était pas froissée et que son pantalon noir et ses souliers étaient impeccables. Quelle honte cela aurait été de sortir en n’étant pas parfait…

L’adolescent, tout en enfilant ses lunettes orangées, commença alors à monter les escaliers pour se rendre dans la grande salle, tout en jouant d’une main avec une mèche de ses cheveux rouges parfaitement coiffés. Simplement, ce matin là, il n’atteignit pas sa destination. Alors qu’il écoutait les élèves chuchoter des compliments, ou des phrases moins sympathiques sur son côté excentrique, il tomba sur une vision d’horreur. Ou plutôt, de miroir. Tout en tentant de traverser le hall d’entrée, son regard se posa sur une demoiselle qu’il connaissait, malheureusement. Son prénom lui échappait un brin, mais cela ne l’empêcha pas d’écarquiller les yeux en voyant le bijou qu’elle portait autour du cou.

Cette peste blonde osait… Elle osait… Avoir le même bijou que lui ! C’était impardonnable ! Un véritable crime. Elle lui avait copié dessus, sans nul doute ! Après tout, toute l’école savait bien que les croix étaient les bijoux favoris de Maverik. Et de sa personne uniquement. Tch, sans doute que cette jeune fille, qui était d’ailleurs un brin plus jeune que lui, avait voulu imiter sa magnificence… En tout cas, ça ne se faisait pas de copier sur les autres. Après tout, ce n’était pas de la faute du garçon s’il était, selon lui, sublime et original… Et il comprenait bien que sa perfection veuille être égalée, mais tout de même ! D’un autre côté, pour le peu qu’il connaissait de cette fille, d’ailleurs il fallait vraiment qu’il tente de se souvenir de son prénom, elle n’était pas spécialement du genre à imiter les autres. D’ailleurs, il la détestait pour cela. Parce qu’elle était originale. Ce qui était un crime aux yeux du garçon, qui avait besoin d’être le centre de l’attention en permanence. Et là, cette mocheté lui volait la vedette ! Bon, il fallait quand même agir avec maturité et régler la situation en évitant un conflit…

« Tu m’as copié dessus ! »

Ou pas. Les mains sur les hanches, un air boudeur au visage, Maverik semblait plutôt décidé à agir comme un gamin capricieux. Bah, de toute manière, si jamais on l’accusait d’avoir réagit comme un enfant de six ans, il n’aurait qu’à mettre ça sur le compte de sa maladie. Après tout, être lunatique ça peut parfois avoir des avantages.

« Tch, t’es vraiment pas originale ! Puis j’lavais avant toi ! »

Rachel se souvenait comme si s’était hier du jour où elle avait acheté le bijou. Elle se promenait dans les ruelles marchandes, les poches pleines de pièces qui sautaient au rythme de ses pas et l’envi de toute dépenser. Jusque là, on ne vous apprend rien de nouveau sur le déroulement des journées de Rachel. Elle avait fait tous les magasins de filles, de pin-up et les bijouteries. Pas comblée par ses achats du jour, elle entra dans une petite boutique faisait l’angle entre deux rues. Elle poussa la lourde porte de bois noir et pénétra dans le magasin à l’ambiance glauque. Peu habituée à ce genre de boutique, et surtout au style mal accordé, elle se fit rapidement repérer par un vendeur qui lui demanda s’il pouvait l’aider.

Mais Rachel ne se laissa pas démonter et elle écarta le vendeur d’un geste de la main et commença son petit tour. Il fallait le dire, les articles vendus étaient totalement hideux. Des vêtements en coton tout flasques majoritairement noirs, des pantalons en faux cuire, des têtes de morts infectes, des chaînes, des chaussures de cosmonaute… Bref tout dans ce magasin poussait notre blonde à s’enfuir à toute jambe. Alors qu’elle allait prendre la poudre d’escampette, un scintillement attira son regard. C’est à ce moment là où elle découvrit le pendentif. Evidemment, le vendeur, en bon commercial lui assura que le bijou était une pièce unique, ce qui expliquait son prix élevé. Il est inutile de vous dire que Rachel n’hésita pas une seconde de plus pour l’acheter…

Ainsi, cette petite journée shopping nous mena à la scène qui se déroulait devant nos yeux. Les deux élèves qui faisaient sans doute le plus attention à leur apparence étaient maintenant face à face. Et comme un effet de miroir, le pendentif qu’ils portaient autour du cou semblait scintiller de toute sa splendeur.

« Tu m’as copié dessus ! »

Rachel scruta son interlocuteur quelques secondes. Il avait posé ses mains sur ses haches et son air boudeur donnait une irrésistible envie à Rachel de lui pincer la joue.

« Tch, t’es vraiment pas originale ! Puis j’lavais avant toi ! »

Rachel ne tint plus, elle prit un bout de la joue de Maverik entre ses doigts et tira :

« - Mmmh qu’il est mignon le petit garçon avec son pendentif ! Dommage qu’il m’aille mieux à moi… »

Rachel prit le bijou du Serpentard dans ses mains et fit mine de l’examiner quelques minutes. Elle le fit tourner puis le relâcha :

« - Mouais, c’est bien ce que je pensais, le tien est de mauvaise qualité ! »

Rachel fit une moue de contentement et se cala contre le mur derrière elle en caressant son pendentif du bout de ses doigts fraichement manucurés.

Le type qui leur avait vendu leurs pendentifs était un arnaqueur de première. Enfin, ça, aucun des deux ne pouvait le savoir. En vérité, il existait deux exemplaires de leur croix. Deux bijoux identiques qui n’étaient même pas des copies l’un de l’autre. Mais ça, Maverik et Rachel ne l’accepteraient sans doute jamais, même si quelqu’un leur disait la vérité. Et puis, autant les laisser croire que l’un avait copié sur l’autre, se serait plus amusant comme ça. Après tout, autant leur laisser une raison de se disputer comme deux gamins de première année. Ca faisait du spectacle aux gens autour au comme ça. Lorsqu’elle lui tira la joue, Maverik afficha un air franchement mécontent, détestant être touché par les gens. Sauf s’ils étaient ses amants évidemment. Et aux dernières nouvelles, ce n’était, heureusement, pas le cas de Rachel. Quoiqu’ils auraient sans doute fait un couple intéressant, mais beaucoup trop superficiel.

« Hey, je ne suis pas un gosse, moi, fausse-miss-parfaite. »

Le surnom n’était guère recherché mais Maverik n’avait fait qu’utiliser un qu’il avait entendu sur le compte de Rachel. Après tout, vu comme elle était pénible, il était logique que des gens se plaignent d’elle. Et là, on voyait bien que le garçon ne savait pas la moitié des rumeurs qui circulaient sur son compte. Et heureusement d’ailleurs. Sinon, sans nul doute qu’il se serait fâché. Ou peut-être qu’il aurait juste ricaner comme un idiot, ça dépendait de son humeur ça. Sans compter qu’elle avait osé le traiter de petit garçon, alors qu’elle était plus jeune que oui. Enfin, dans ses souvenirs tout du moins. Cinquième année peut-être ? Ou bien moins ? Quelle importance de toute façon.

« Logique tu l’as touché, alors il a perdu la moitié de sa valeur. »

Marmonna t-il en croisant les bras après s’être massé la joue quelques secondes, sans perdre son air ennuyé. Il savait parfaitement que son pendentif n’était pas un faux. En plus le vendeur, ce fourbe, lui avait assuré que l’objet était unique. Visiblement, la définition du terme devait échapper un peu à ce vendeur de pacotille. Tch, dire qu’il avait dépensé une bonne partie de son argent de poche pour avoir ce nouvel accessoire. Et maintenant que l’autre peste avait le même, il était hors de question qu’il le remette. Quoique, pour la provoquer ça pouvait être marrant. Tout en réajustant ses lunettes, l’adolescent laissa échapper un léger soupir avant de fixer son regard sur le visage de Rachel.

« Les croix ne te vont pas du tout. Ca se voit que tu n’en porte presque jamais. »

Et un sourire, un brin moqueur, naquit sur les lèvres de Maverik tendit qu’il affichait un air sur de lui. Après tout, l’expert en accessoire, c’était lui. Il avait toujours des bijoux sur lui… Même un peu trop parfois. Heureusement qu’il n’avait pas mit tous ses colliers ce jour-là, sinon ça aurait vraiment fait une trop grande masse argentée sur son corps magnifique.

« Sans compter que le noir n’est pas ta couleur. Je t’en aurait plutôt suggéré une en or pour faire ressortir ton teint et s’accorder à ta chevelure. »

Oh, changement d’humeur ? Un peu. Il conservait son air amusé mais parlait d’une manière moins énervée. Là, il était passé en mode ‘professionnel en matière de bijoux et couleurs’. Même si Rachel allait sans doute mal prendre sa remarque.

Fausse-miss-parfaite, fausse-miss-parfaite, FAUSSE-MISS-PARFAITE ! Qui était la fausse miss parfaite dans l’histoire ? Rachel était éberluée par les propos du garçon. Elle ne comprit d’ailleurs pas tout de suite que l’insulte était pour elle. Elle n’avait pas l’habitude de se faire insulter de cette manière. Et il était hors de question qu’elle reste là sans rien dire ! Oh ça non, Rachel n’avait pas la langue dans sa poche…

« Logique tu l’as touché, alors il a perdu la moitié de sa valeur. »

Rachel sonda le garçon, mais quelle remarque puérile ! Il méritait décidemment bien son surnom de petit garçon ! En plus il ressemblait à un enfant plein de morve… Mauvaise foi féminine, car il fallait se l’avouer Maverik était séduisant. Mais ça, Rachel ne s’autorisait pas à le penser.

« Les croix ne te vont pas du tout. Ca se voit que tu n’en porte presque jamais. »

Mais ce petit morveux n’allait donc jamais s’arrêter ! Quand allait-il comprendre que Rachel était la plus belle, la plus intelligente et la plus apte à porter un tel pendentif, ils n’allaient tout de même pas se battre à main nue… Imaginez la scène, les deux élèves, habillés comme des tops modèles, dans des vêtements, jolis en effet, mais peu confortables…

« Sans compter que le noir n’est pas ta couleur. Je t’en aurais plutôt suggéré une en or pour faire ressortir ton teint et s’accorder à ta chevelure.

- Peut être que les croix ne me vont pas, mais je peux me permettre de tout mettre tellement je suis parfaite. Pour ce qui est de toi, je conçois que les croix te vont, c’est d’ailleurs bien la seule chose qui te permet d’être presque beau. Mais bon, je ne vais pas te demander de te balader tout nu pour être attirant, qui sait ce qu’il se cache sous ce tas de vêtements. BEURK, j’en ai la nausée… »

Une expression de dégout vint se coller au visage de Rachel. Elle passa le corps du garçon aux rayons X, scrutant chaque renflement, recoin, pli de ses vêtements pouvant laisser voir une quelque conque défauts.
Peste à ses heures perdues et surtout très orgueilleuse, jamais elle n’avouerait à quelqu’un qu’il est mignon, c’est pour ça qu’elle continua :

« - Mouai, c’est bien ce que je pensais, continue à t’habiller avec ces habits informes, au moins je n’en verrais pas plus en matière d’horreur. Et puis comme ça te fait rire, je suppose que ça ne te gène pas si je fais ça… »

Elle attrapa une seconde fois le bijou et tira d’un coup sec dessus. La chaîne se cassa et le collier atterri dans la main de Rachel.

« - Donc on est d’accord, tu jettes ce pendentif ! »

Elle le fit pendre devant les yeux du garçon comme un pendule pour le faire réagir…

Cette magnifique jeune fille, qui était la pire peste de son espèce, avait un répondant assez développé. En général, Maverik détestait qu’on lui réponde ou qu’on ose s’opposer à son avis… Indiscutable car forcément parfait. Cependant, la situation actuelle ne semblait pas tant que ça le déranger. De toute manière, le garçon savait bien qu’ils allaient être forcés de trouver un terrain d’entente. Ils ne pouvaient pas s’entretuer devant tout le monde, surtout que l’adolescent aux cheveux rouges avait passé un temps fou à se coiffer parfaitement ce matin , et ruiner cet effort, qu’il faisait chaque jour, l’aurait mit d’une humeur massacrante. Et puis, vu le nombre d’accessoires que l’aîné portait, s’il lui avait prit l’idée saugrenue de se battre, il se serait sans doute blessé avec un de ses bijoux. Ca lui était arrivé l’an passé, lors d’une crise émotionnelle où il avait envoyé un septième année de sa maison à terre parce que ce dernier lui avait tapé sur les nerfs. Bah, il n’avait qu’à pas dire que Maverik était mal-habillé après tout.

« Je fais ce que je veux de toute manière. Je me demande pourquoi tu gaspilles ta salive alors que tu sais parfaitement que je suis tout autant borné que toi. »

Lança-t-il quelques secondes plus tard, avec un air oscillant entre ennui et amusement. Mais c’était un amusement un peu sombre et qui n’était plus aussi sympathique qu’avant. Après tout, le Serpentard détestait que les gens le critiquent. Et il avait bien trop d’orgueil pour juste se la fermer et se laisser humilier par une gamine qui se prenait pour la princesse du monde. Il fut un brin surprit lorsqu’elle lui arracha son collier. Mais sa première pensée, avant même de la tuer pour avoir fait ça, fut que la chaîne n’était pas assez solide et qu’il lui faudrait en racheter une autre. Instinct de dingue d’accessoires avant tout. Il y eu un instant de silence, où il ne répliqua rien du tout, se contentant de fixer son pendentif qui faisait le pendule devant lui.

« Non. »

Sa main attrapa soudainement l’objet qui pendait devant lui. Il ne chercha pas à tirer dessus pour le récupérer mais il le tenait d’une manière assez ferme. Contrairement aux apparences, Shepherd avait tout de même de la force et, si jamais elle voulait jouer à ça, il était plus ou moins sûr de gagner. Il ne s’amusa pas à arracher le collier de la jeune fille pour lui rendre la pareille, ça aurait été idiot et puis, il n’était pas tant que ça un gamin. Enfin, pas à ce moment là. Ca pouvait se voir vu l’air… Pas sérieux, plutôt tranquille. Ou peut-être un mélange des deux. Sans compter que l’éclat dans ses yeux noisettes ne semblait pas vraiment amical.

« Il est hors de question que je fasse quelque chose d’aussi stupide. Je n’obéirai pas à cette demande futile de ta part, Priam. »

Il serrait le pendentif un peu trop fort dans sa main, sans le briser, mais sentant les pointes de l’objet rentrer un peu dans sa paume. Bah, il n’allait pas lâcher pour ça. Même si ses yeux se plissèrent quelques instants à cause de la douleur, il reprit bien vite son air sûr de lui et sérieux habituel.

« Il n’empêche que si nous l’avons acheté au même endroit, je me permettrai de rendre une petite visite à ce vendeur de pacotille pour lui dire mon opinion sur les fameux objets ‘uniques’ qu’il prétend vendre. »

Maverik était aussi borné qu’elle ? Bonne nouvelle, leur conversation allait être intéressante. Peut être que ce tête-à-tête allait-il durer plus de quelques minutes comme Rachel en avait l’habitude. Car en général, les personnes avec qui elle parlait jetaient les armes au sol trop rapidement.


Le pendentif oscillait de gauche à droite, exécutant une courbe parfaite devant les yeux des jeunes élèves. Rachel en aurait été presque hypnotisée. Elle ne pouvait détacher son regard du bijou qu’elle avait tant convoité et adulé. Mais lorsque la Gryffondor arriva enfin à se concentrer sur autre chose qu’au petit objet en métal, elle tomba sur le regard de Maverik. Cependant elle fut déçue. Le garçon n’était pas outré, énervé ou encore animé d’une vengeance puérile. Non, le garçon était juste calme, paisible… Cette attitude fit monter le sang à la tête de Rachel ! Comment pouvait-il rester de marbre face à cette provocation… Il n’y avait rien de tel pour énerver notre belle.

Puis, enfin il sembla reprendre possession de lui, il chopa le pendentif d’une main, comme pour affirmer que s’était son acquisition et d’un regard peu amical annonça son intention de ne pas se plier aux bons vouloir de Rachel.

« Il est hors de question que je fasse quelque chose d’aussi stupide. Je n’obéirai pas à cette demande futile de ta part, Priam. »

Rachel n’avait pas rêvé ! Il l’avait appelé par son nom de famille ? IL AVAIT OSE L’APPELER PAR SON NOM DE FAMILLE !...

Rachel voyait la main de Maverik serrer encore plus le pendentif. S’il continuait, il allait le casser ! Tant mieux…
Mais Rachel n’eut pas le temps de répondre à sa provocation, car le garçon continua sa tirade, en se plaignant du vendeur frauduleux.

« - Non mais tu sors d’où ! Tu portes bien ton nom, t’es aussi pommé qu’un berger dans les Landes ! Les vendeurs sont là pour… vendre. Donc ils usent de tous les moyens pour écouler leur marchandise, même s’ils doivent dire à un garçon égocentrique qu’il a un pendentif unique
comme lui ! »

Rachel tira légèrement sur le pendentif pour montrer qu’elle ne lâcherait pas l’affaire. Elle se redressa, s’humecta les lèvres et pénétra du regard Maverik.

« - Tu sais, peut être que dans un autre monde on aurait pu être ami ! Ne te fais d’idées, mais si l’on regarde bien, on n’est pas si différents que ça ! Au niveau physique comme au niveau psychique. Enfin quand je dis au niveau physique, je ne dis pas que tu possèdes d’aussi belles jambes galbées que moi. D’ailleurs personne ne peux égaler la beauté de mes jambes. Mais là n’est pas le débat ! Quand je dis que nous nous ressemblons physiquement, je sous entend que tous les deux sommes beau à notre façon ! »